« Aller à l’opéra, actuellement, ce n’est
plus suivre le développement d’un mouvement artistique, c’est simplement
rechercher un divertissement de caractère avant tout mondain. En dépit de
quelques replâtrages de façade, l’opéra ressemble de plus en plus à un musée
poussiéreux qui n’intéresse plus qu’un public très particulier. Le théâtre
lyrique a pratiquement cessé de réponde à une nécessité d’ordre artistique ; il
fait de plus en plus figure d’art suranné dont la survie ne s’explique guère
que par sa fonction sociale.
Récemment, dans une retentissante interview
accordée au Spiegel (27 avril 1967), Pierre Boulez faisait clairement
remarquer qu’aucune œuvre lyrique nouvelle d’intérêt n’avait vu le jour depuis
la mort d’Alban Berg. Il dénonçait ainsi le caractère illusoire du succès
international obtenu par les œuvres de quelques épigones comme Henze —
ajoutons-y Britten. Et dans la stérilité des compositeurs modernes en ce
domaine, Boulez voyait tout simplement le symptôme d’asphyxie générale à
laquelle est en proie l’opéra actuellement.
Il importe donc de nous
poser la question :
Pourquoi n’y a-t-il pas d’œuvres lyriques modernes ? L’opéra
est-il véritablement un art démodé ? Son mode d’expression ne correspond-il
plus à la sensibilité de notre époque, et faut-il considérer que son passé
prestigieux ne présente plus guère pour nous qu’un intérêt historique, en un
mot l’art lyrique est-il définitivement mort ? »
Claude Lust, Wieland Wagner et la Survie du Théâtre Lyrique,
Lausanne, L’Âge d’Homme, 1969, p. 9-10
En tête de page :
Wolfgang Utzt, Masques pour les Lémures du Second Faust (Berlin, 1983)
Photo : Friedhelm Hoffmann. © Stiftung Stadmuseum Berlin
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